mardi 28 février 2012

La maison de Soie, Anthony Horowitz


" Je leur transmets un dernier portrait de Mr. Sherlock Holmes vu sous un angle totalement inédit. La partie reprend..." (Dr Watson, prologue)

Un manuscrit inédit des aventures du célèbre détective et de son acolyte non moins plus célèbre vient de voir enfin le jour après avoir passé près d'un siècle dissimulé dans un coffre, bien à l'abri. Pourquoi le Dr Watson prend-il la peine de prendre une telle précaution à l'égard de cette nouvelle enquête ? Que dissimule-t-elle ?
Une vérité bien trop lourde à porter pour la société dans laquelle il vivait alors. Une vérité trop compromettante et dont la société aurait été sans aucun doute bouleversée. 
Ainsi, c'est comme si nous vivions la dernière aventure du très célèbre duo Holmes/Watson, à travers les yeux d'un Watson au crépuscule de sa vie. 

J'avoue (un peu honteusement) n'avoir jamais lu aucune enquête écrite par Sir Arthur Conan Doyle et c'est pourquoi je ne me risquerais pas de faire ici une comparaison entre la plume d'Anthony Horowitz et celle de Arthur Conan Doyle. 

Une fois le prologue terminée et la mise en garde du Dr Watson en tête, nous voici plongé en plein cœur de Londres à tenter de suivre la logique imparable de ce détective aux allures déjantées mais qui ne laisse jamais rien au hasard. Le personnage de Sherlock Holmes est l'histoire à lui tout seul. Il lui suffit d'un simple coup d’œil pour percer n'importe quels secrets, car il possède ce don incroyable en matière d'analyse des gestes, des faits qui lui permet tout de suite de comprendre la situation. 

Malheureusement, dans l'affaire qui nous concerne, notre détective au nez creux ne pensait pas devoir faire face à la pire des cruautés que la terre puisse porter. Nous suivons l'enquête au rythme des raisonnements du Dr Watson, à tel point que ses conclusions deviennent les vôtres et qu'il vous paraît impossible de voir jusqu'où cette affaire va bien pouvoir vous mener. Et croyez-moi on parcourt un sacré bout de chemin !

Tour à tour, Sherlock Holmes nous sort le grand jeu entre déguisements, feintes et rebondissements. On le croit même perdu à un moment du livre mais pour mieux nous épater. Je pense qu'ici la nature du personnage a bien été conservée par l'auteur, respectant l’excentricité du héros devenu mythique. 

Toutefois, je n'en dirais pas davantage pour ne rien gâcher, pour ne pas en dire plus qu'il ne faut et laisser le dénouement sous silence.  Néanmoins, même pour un Sherlock Holmes je ne m'attendais pas à ce genre de fin, non pas qu'elle soit mauvaise ou bâclée mais simplement tristement cruelle, et je pense que la différence de plumes est là. 

Paru en novembre 2011 aux éditions Hachette livre, 359 pages, 16€ paru en novembre 2011





1/20






Le ciel est partout, Jandy Nelson


" Je suis censée pleurer la mort de ma sœur, pas tomber amoureuse..."


Comme le dit la quatrième de couverture, ce livre est "un hymne à l'amour, à la vie, à la musique, à la nature et à l'écriture! " Après ça tout est dit... Toutefois, je me permet de vous en dire plus.

Le livre s'ouvre, les premiers mots apparaissent pour mettre en scène une tragédie, la mort d'une jeune fille, victime d'une défaillance cardiaque en pleine répétition théâtrale. Une jeune fille, Baileys, dont la vie est stoppée nette sans signe annonciateur, une perte que sa petite soeur, Lennie, n'accepte pas. 

A travers chaque mot griffonné tantôt sur un papier de bonbons, tantôt sur un gobelet écrasé, et éparpillé aux quatre vents, elle tente de garder sa sœur vivante et leur relation fusionnelle toujours intacte. Elle se rapproche vers tout ce que sa sœur à touché, porté, embrassé... 

On est touché par les souvenirs que Lennie garde de sa sœur, par l'amour qu'elles se portaient mutuellement, par leur complicité indéniable. Comment Lennie peut-elle encore faire les bons choix quand son mentor n'est plus là ?

Tout dans ce livre est atypique depuis sa forme jusqu'à son fond. Les chapitres commencent avec les messages écrits par Lennie, quelques bribes de conversations entre elle et sa sœur, des souvenirs couchés sur papier. 
La vie de famille est anti-conformiste également, une grand-mère qui a remplacé une mère en proie à la "bougeotte" et que l'on attend toujours, un oncle coureur dont les lubies sont toujours plus farfelues, une amie qui cherche derrière chaque garçon la réincarnation de Jean-Paul Sartre, le tout sous des allures de vie de bohème. 

Toutefois, malgré la tristesse qui découle de la mort de Baileys, Lennie va devoir faire face à ses responsabilités, accepter de grandir sans le soutien de sa sœur et à prendre les bonnes décisions, que se soit pour sa famille comme pour ses sentiments... 

Encore un livre où les émotions sont mises à mal, où la mort provoque un bouleversement insurmontable pour les personnages, mais qui finissent toujours par se tourner vers leurs proches pour sortir du cauchemar. Le modèle mis en avant est celui de la famille, qu'importe sa composition, car il ne suffit pas d'être parent pour l'être. 

Paru en mai 2010 aux Éditions Gallimard, collection Scripto, 332 pages, 11€

Merci Téry ! 

lundi 27 février 2012

Hate List, Jennifer Brown



" C'est moi qui ai eu l'idée de la liste. Je n'ai jamais voulu que quelqu'un meure. Est-ce qu'un jour on me pardonnera ? "

Dans une ville des Etats-Unis, un terrible drame vient bouleverser à jamais la vie de ses habitants. Un accident né d'un simple bout de papier, d'une banale liste de noms établie par une élève sans histoire, mais qui se termine dans un bain de sang.
La liste de la haine qui, si elle ressemblait plus à un exutoire pour Valérie, prend un tout autre sens sous l'oeil de Nick, son petit ami, qui décide un matin d'exécuter tous ceux et celles qui s'y trouvaient inscrits. 
Pour ceux qui survivent au massacre, le plus dur reste à venir. Entre l'acceptation, l'oubli, le pardon, le déni ou la vengeance chacun essaye de trouver un moyen de sortir de ce cauchemar.

Du début à la fin, on est captivé par le sort de tous ses lycéens en plein traumatisme post-tuerie et on ne peut fermer le livre qu'une fois la dernière page tournée. 

Jennifer Brown signe ici son premier livre et on ne peut que reconnaître sa grande prouesse pour avoir su rester concrète dans les sentiments qu'elle a décrits, dans les situations qu'elle a mises en avant et dans les choix de chacun de ses personnages. Je pense que l'exercice n'a pas dû être simple quand le thème employé est celui de la violence au lycée, d'une violence meurtrière envers de jeunes adolescents et commis par eux-mêmes. 

Et malheureusement ce thème n'est pas réservé à la fiction, le souvenir du lycée de Colombine est encore bien présent dans nos mémoires et on ne peut que se le remémorer en lisant "Hate List". 

Toutefois sans s'attarder sur le moment fatidique où Nick Levil décide d'abattre ses camarades, l'auteure insiste sur la période qui suit le drame, cette période où chacun tente de se reconstruire, d'accuser le coup, de trouver un responsable, et les attitudes sont aussi nombreuses qu'il existe de lycéens ayant vécu ce drame. 

Et parmi toutes les victimes, il en existe une autre, Valérie, la petite-amie de Nick, celle qui a mis en place cette liste de la haine comme pour châtier par sa plume tous ses camarades odieux, qui la briment depuis toutes ses années, qui l'affublent de surnoms moqueurs, qui lui font vivre un véritable enfer. En rencontrant Nick elle pense avoir enfin trouvé son bout de paradis, son alter ego, le soutien qu'elle attendait. Malheureusement, celui qu'elle aime va commettre l'irréparable à cause de cette fameuse liste, à cause de ces mots qu'elle pensait inoffensifs mais qui ne l'étaient pas, pas pour lui... Car lui aussi connaît les moqueries, les brimades, l'isolement social.

Finalement tout aussi dramatique que peut l'être un tel évènement, on ne peut pas réfuter le fait que Nick Levil est aussi une victime dans une certaine mesure. Une victime qui a pris une décision tragique pour mettre fin à son calvaire. 

D'ailleurs cela nous donne également l'occasion de rebondir sur le port d'armes aux Etats-Unis. En effet, l'auteure, à travers la bouche de ses personnages, nous redit une fois encore la facilité avec laquelle on peut se procurer une arme. Un fait encore plus alarmant alors qu'il s'agit ici d'adolescents... 

L'adolescence est un âge ingrat, un âge où les blessures restent marquées à vie. Une période remplie de complexes, de doutes, de peurs qui peuvent se retrouver placarder sur le devant de la scène par n'importe qui et n'importe quelle raison. L'adolescence est peut-être un rite de passage obligé, que l'on se remémore une fois adulte rigolant devant nos pires hontes, mais ce livre nous montre une fois encore la brutalité dissimulée sous les visages rieurs de nos adolescents, et que face à l'harcèlement il ne faut pas rester de marbre. Les mots blessent encore plus que toutes autres blessures. 

Nouveauté de février 2012 chez les Editions Albin Jeunesse, collection Wiz, 392 pages, 15€